Une exposition retraçant le parcours du peintre et sculpteur Publio Muratore, dans le décennal de sa disparition, réalisée dans une église déconsacrée dans le centre historique de Viterbo, San Giovanni degli Almadiani, édifice affectionné par l’artiste qui y avait déjà exposé de son vivant. Une exposition qui présente une sélection de sa production picturale à partir des premiers tableaux de l’après-guerre jusqu’à ses toutes dernières œuvres.

Le volume unitaire de ce bâtiment du XVI siècle, grand espace blanc ponctué de hautes colonnes en pierre grise, est structuré en de nouveaux espaces grâce à l’insertion rythmée de panneaux en bois peint qui s’articulent autour des colonnes pour former les parois qui supportent les œuvres. Le bleu vif des panneaux, couleur très présente dans les œuvres exposées, devient un fil conducteur guidant le visiteur à travers les différentes époques de sa production, et contribue à faire émerger le parcours dans l’espace épuré et imposant de cette église.

Dans les images de Publio Muratore est présent le concept de cadrage, qui dans ce cas se réfère à une action temporaire de l’homme dans un espace beaucoup plus étendu que celui qui nous est présenté. Telle est la péculiarité des toiles de Muratore : la suggestion qu’il donne de l’espace non visible, donnée par le cadrage « imparfait » (selon les canons photographiques). C’est là que réapparait sa matrice scénographique et théâtrale : l’espace qu’il décrit ne s’épuise pas sur la toile mais continue idéalement sur les côtés, plus qu’avec les expédients classiques de prolongement de la perspective en profondeur, grâce aux espaces suggérés latéralement par rapport aux cadrages. […] Cette dilatation suggérée de l’espace permet de rallonger librement le temps d’exposition, dans le sens photographique du terme, puisque en invitant l’observateur dans des espaces non visibles Muratore concède la possibilité et donc le temps de pouvoir les explorer, accompagnés par lui-même juste dans un premier temps.